J'ai passé moins de 48 heures à Mayotte et ça faisait longtemps que je n'y étais pas allé. Autant dire que j'y arrivais avec des yeux neufs et les sens en éveil, prêt à écouter et regarder, sans aucune idée préconçue. J'avoue que je n'ai pas été déçu du voyage...
Heureusement que je n'y arrivais pas en terrain totalement inconnu, ayant sur place, quelques vieux amis à même de me mettre rapidement au courant des moeurs et coutumes de l'île aux Parfums. Première surprise pour les journalistes qui m'accompagnaient et pour moi : le climat de peur qui règne à Mayotte. Il n'est pas rare de voir des maisons, voire même des bureaux en centre-ville, enguirlandés de rouleaux de fil de fer barbelé, du même modèle que ceux que l'on trouve autour des casernes de militaires... Bonjour l'ambiance. La délinquance bat, nous dit-on, tous les records de France... Deuxième signe : notre accompagnateur, en allant au centre-ville de Mamoudzou le soir au restaurant
, a pris bien garde de se garer à un endroit très précis, en pleine lumière, sur une portion de rue faisant pas plus de 200m de long. A l'écouter, en dehors de ce secteur bien déterminé, on a de grandes chances de retrouver sa voiture cassée et pillée en revenant du restaurant. Inutile de vous dire que les places sont aussi rares dans ce secteur qu'un letchis à la Réunion au mois de juin...
Dans le même registre, une personne rencontrée sur place, qui habite à Mayotte depuis 7 ans, nous a avoué avoir fait une demande de retour à la Réunion depuis deux ans, après les fameux événements de 2011, demande qui vient d'être enfin acceptée par son patron, à son grand soulagement et à celui de sa femme.
Parlons-en de ces fameux événements de 2011. Ils sont encore manifestement dans tous les esprits. De nombreuses personnes rencontrées nous en ont parlé avec encore des trémolos dans la voix. A les écouter, ils ont vraiment craint pour leur vie à l'époque, les émeutiers, essentiellement des clandestins, avaient barré toutes les routes et s'en prenaient particulièrement aux voitures et aux maisons de mzoungou, les zoreilles de Mayotte. Avec nous dit-on une attention particulière portée aux familles de gendarmes...
Autre découverte : les Réunionnais ne sont pas aimés à Mayotte. Selon les Mahorais, ils arriveraient avec un esprit colonialiste, avec un air hautain qui déplairait particulièrement aux originaires du coin. Un cadre haut placé m'a même raconté s'être procuré des mails où des Mahorais avaient écrit qu'il fallait se débarrasser de lui pour se venger du sort que les Réunionnais réservaient à leurs frères mahorais à la Réunion...
Dans le même registre, les enseignants mzoungous seraient également dans la ligne de mire. On leur reprocherait leur côté radin, cherchant à mettre le maximum de côté avant de rentrer au pays... Pour info, il n'existe pas à Mayotte de dispositif de sur-rémunération. Toutefois, les fonctionnaires d'État bénéficient d'une indemnité d'éloignement représentant 23 mois de traitement net pour 24 mois de séjour. Dans la pratique, ils doublent quasiment leurs salaires. Un traitement encore plus intéressant que les 53% dont ils bénéficient à la Réunion. Et malgré cela, l'an prochain, ce sont 1.000 postes de professeurs qui seront budgétés mais non pourvus, tellement les candidats ont peur (voir les explications plus haut...).
Autre prise de conscience pour moi : le nombre d'immigrés clandestins. Ils représentent environ 50% de la population, ce qui signifie qu'une personne sur deux que vous croisez dans la rue est un clandestin. Ils habitent dans des zones de non-droit, dans la peur de se faire arrêter et expulser vers les Comores et on nous a également raconté des histoires sordides d'exploitation par les mzoungous ou les Mahorais. Ce sont eux qui effectuent les travaux les plus durs, notamment dans le bâtiment. Et on nous a cité plusieurs cas où, alors que le chantier était presque terminé, le propriétaire les a dénoncés à la police pour ne pas avoir à les payer...
Et on nous dit que plusieurs kwassas-kwassas -enfin ceux qui n'ont pas coulé en mer- continuent à arriver tous les jours sur l'île. Il en coûterait 300 euros pour effectuer la traversée, les prix ayant été multipliés par 6 en quelques années. Selon nos interlocuteurs, plus de 50 clandestins supplémentaires arriveraient tous les jours, alors que les reconduites à la frontière sont bien moins importantes... A Mayotte, le travail de préfet ressemble par beaucoup de points au remplissage du tonneau des Danaïdes qui se vidait à mesure qu'on le remplissait...
Pendant ce temps, l'argent coule à flot
Parallèlement à cette situation explosive -tout le monde prédit de nouvelles émeutes à plus ou moins court terme- la vie continue. Surtout la vie économique d'ailleurs. La transformation de Mayotte en département français a eu pour première conséquence de permettre le déversement de tombereaux d'argent public sur l'île pour financer une multitude de projets, histoire de mettre l'île au niveau des autres départements français.
Et cet argent n'est pas perdu pour tout le monde. Certaines grosses entreprises françaises, souvent les mêmes que celles que l'on trouve à la Réunion mais avec un nom "mahorisé", se goinfrent allègrement et veillent sur leur pré carré comme sur la prunelle de leurs yeux.
Pas question que d'autres viennent se partager le gâteau. Ce sont eux les maîtres du royaume et ils sont prêts à utiliser tous les coups fourrés pour gagner encore plus d'argent et écarter les gêneurs. En n'hésitant pas au passage à manier la corruption. Car c'est bien connu, il n'y a que des corrompus, rôle ici joué souvent par les élus mahorais accusés de tous les maux, et jamais de corrupteurs. Les patrons qui embauchent des membres de la famille d'élus ou qui glissent discrètement sous la table des malettes remplies de billets ne sont que des victimes, bien évidemment.
Pendant les 48 heures que j'ai passées à Mayotte, il m'est venu aux oreilles un nombre incalculable d'histoires de corruption ou de détournements de fonds. Un seul exemple : le directeur de la DEAL, une administration d'Etat, et sa prédecesseur (qui est maintenant basée à la Réunion, mais n'y voyez aucune chasse aux primes, on vous taxerait de mauvais esprit...) viennent d'être mis en examen pour concussion et complicité de concussion. Cette affaire aurait éclaté en métropole, elle aurait fait la Une de la presse nationale. Là, rien ou presque rien. Que voulez-vous? Ca se passe à Mayotte, sous les tropiques. C'est presque normal...
Une autre affaire : un grand patron local, et pas n'importe lequel, est en train d'essayer de fomenter un coup d'Etat au sein de la Chambre de commerce, ce qui semble être une grande spécialité locale. Ca tient du secret d'Etat et peu de gens le savent, mais ce grand patron entend faire payer au président de la Chambre de commerce actuel son engagement en faveur du projet de compagnie aérienne Ewa, porté par Air Austral, au motif que son fils a lui aussi un projet concurrent, en association avec Inter Iles, une compagnie comorienne concurrente dont un avion s'est abimé en mer en novembre 2012... Le dernier décompte donne 4 élus avec l'actuel président et 3 pour les putchistes. Autant dire que chaque voix vaut actuellement très, très cher...
Je salue l'article de Pierrot Dupuy. Il est évident qu’entre ce que l'on voit à la télévision et la réalité sur place, il ya un gouffre. Mais d'une façon générale, on peut dire que les mzungus à Mayotte vivent dans le luxe alors que la majorité des locaux vivent simplement. Pour les clandestins, ils vivotent. Cela crée nécessairement des tensions. Quant à l'esprit colonialiste des mzungus pourquoi s'étonne t-on? Avant de devenir un "département français", Mayotte a été une colonie.....et pour certains il est très difficile de perdre les veilles habitudes. Ce qui est malheureux c'est qu'en 2013 on a toujours tendance à valoriser tout ce qui vient de France tout en dénigrant la culture et les traditions locales. Comment peut-on par exemple imposer le mariage homosexuel à Mayotte, une ile à 90% musulmane tout en interdisant la polygamie? Evidemment on leur apprend qu’ils ne sont surtout pas Comoriens, qu’ils ne sont même pas Africains mais qu’ils sont Européens…..ce que certains mahorais prennent plaisir à répéter. Le jour où les mahorais comprendront qu'ils pourraient purement et simplement disparaitre en tant que peuple et qu'on est en train de leur voler leur langue, leur culture tout en sabotant leurs liens familiaux, religieux et culturels avec leurs frères des autres iles de l'archipel, et bien, ce jour là, les mahorais vont se réveiller. Peut-être l'on t-il déjà comprit, d'ou cette violence gratuite et grandissante (je ne l'approuve en aucun cas) envers les mzungus. Les Mahorais pourrons tous parler un français sans accent et accéder (artificiellement) à la classe moyenne mais il y aura toujours un sentiment de méfiance envers la France pour avoir détruit toute une culture. La méfiance des Mzungus envers les Mahorais est aussi une realité. En tout cas, lorsque Mayotte commencera à avoir des philosophes et des intellectuels d'un certain niveau qui visitent les quatre coins du monde (pas seulement Paris) le débat sur la départementalisation de Mayotte va nécessairement revenir sur la scène. Alors pour repousser le plus longtemps possible ce scenario on oriente les enfants vers des cycles courts ou des formations professionnelles. Bref, du colonialisme classique.....Lettre
A son excellence, le Président de l’Union des Comores, IKILILOU Dhoinine.
Sauvez avec nous les acquis historiques de notre pays !
Non à la CRCisation du pouvoir !
Non au détournement du suffrage universel !
Non au jeu des réseaux !
Restaurez le lien entre le gouvernant et le peuple !
Vive le peuple ! Vive la démocratie !
Monsieur le président !
La communauté des ressortissants comoriens des autres îles, nombreuse, installée à Mayotte est connue pour son apport majeur et déterminant à la vie économique du pays, et son intérêt à la vie politique de notre jeune nation. C’est à ce titre qu’une large majorité d’entre nous s’est fortement mobilisée en 2006, a contribué à la victoire éclatante de votre équipe.
Cette victoire était celle des comoriens contre le jeu des réseaux occultes qui faisaient et défaisaient les présidents aux Comores. Une page de notre histoire a été ainsi tournée. Il a été mis fin à l’usurpation du pouvoir par une clique en mal de légitimité populaire et démocratique. Le peuple comorien depuis l’accession à l’indépendance du pays, avait réellement eu le sentiment d’avoir recouvré sa souveraineté, et l’ex-président savait si bien le rendre.
De quelle façon ? En mettant le comorien au cœur de son discours, de sa démarche, en cherchant en permanence à soigner le lien entre le mandataire du pouvoir et les vrais dépositaires, en clair entre lui et le peuple.
C’est à ce titre que les comoriens de toutes les îles, y compris ceux qui habitent à Mayotte, de l’extérieur, dans leur grande majorité, ont répondu présent à l’appel à la continuité du régime à travers votre candidature.
La majorité des comoriens vous ont fait confiance en mai 2010 ! C’était précisément pour faire vivre ce lien entre le dirigeant et son peuple, pour perpétuer ce bel héritage, et surtout pour faire barrage à ceux qui les ont humiliés des années durant, et à ceux qui cherchent à leur confisquer par des moyens détournés leur souveraineté.
Monsieur le président !
Nous venons vous dire notre déception et notre profonde incompréhension par rapport aux actes que vous posez depuis votre accession au poste de la magistrature suprême.
Aucun d’entre nous ne peut vous dénier le droit à une stylisation de votre gouvernance. Mais nous disons clairement qu’AUCUNE MARQUE DE FABRIQUE NE PEUT SE TRADUIRE PAR LE RENIEMENT DES PRINCIPES DE GOUVERNANCE LARGEMENT PARTAGES PAR L’IMMENSE MAJORITE DES COMORIENS, A MEME DE SORTIR NOTRE PAYS DE L’OMBRE DU PASSE VERS LA LUMIERE DE l’AVENIR.
NOTAMMENT PAR LE RENIEMENT DE CET ACQUIS HISTORIQUE QUI A VU SOUS SAMBI LE POUVOIR QUITTER LES SALONS DE VELOURS POUR SE POPULARISER, SE DEMOCRATISER ET FAIRE FIGURER EN BONNE PLACE LE CITOYEN.
Nous ne comprenons pas qu’à l’occasion d’un de ces nombreux actes que vous posez, et qui provoquent systématiquement l’incompréhension, vous ne vous sentiez pas redevable de la moindre explication envers cette majorité des comoriens qui vous ont élu.
Nous constatons là, avec beaucoup de regrets, une marginalisation évidente de la volonté de la majorité des comoriens telle qu’elle s’est exprimée à l’occasion de votre élection, et par ricochet une mise à mal du processus d’appropriation du pouvoir par le peuple amorcé ces dernières années.
Il s’agit là d’une erreur historique et politique grave !
Notre désarroi est donc profond de constater, qu’après l’ élection démocratique de Sambi en 2006, et la votre en 2010, à l’occasion desquelles la volonté populaire s’imposée, qu’il y ait encore aujourd’hui place à ce qui ressemble à une manipulation du pouvoir se traduisant par une situation ubuesque, inacceptable, à savoir les vaincus dont les idées, le passé, la personnalité désavoués par le suffrage universel, reviennent aux commandes de l’Etat, par la pointe des pieds et à la faveur de nous ne savons quel tour de passe-passe.
Monsieur le président !
La démocratie rien que la démocratie, et vous êtes responsable de la vie, et du fonctionnement démocratique dans notre pays… Même si nous buttons aux effets pervers de la tournante. La CRCisation hier rampante et aujourd’hui avérée avec la nomination de MR Boléro qui est entrain de tisser sa toile d’araignée ne peut nous convenir, et nous demandons qu’il y soit rapidement mis fin. DE FACON CLAIRE ET UNIVOQUE. C’est une pratique anti-démocratique. Vous ne pouvez, à moins de faire violence aux comoriens qui vous ont élu, de les humilier, de les mépriser, leur servir le plat qu’ils ont rejeté. QUELLE QU’EN SOIT LA RAISON !
Depuis l’élection présidentielle de 2006, le pouvoir comorien est une émanation du peuple. Vous avez vu vous-même ce peuple se rappeler au bon souvenir de ceux qui ont voulu détourner votre élection et plonger le pays dans un scénario à l’ivoirienne. Les comoriens, par leur volonté, leur clairvoyance et détermination ont déjoué ce plan, et vous ont confirmé dans votre élection. Dans ce contexte de pouvoir démocratique, la puissance publique ne peut être le fait d’un seul individu, mais la volonté du peuple.
De ce point de vue, nous pensons sincèrement que BOLERO dont le nom a été, est et sera toujours associé à la CRC, parti rejeté par l’immense majorité des comoriens, est plus un problème qu’une solution.
Monsieur le président !
Nous vous invitons vivement à vous intéresser aux raisons qui expliquent le rejet de cette formation politique, la CRC. D’abord d’une manière générale, et plus particulièrement à Anjouan. Il n’est pas d’analyse politique saine et judicieuse qui peut faire l’économie de cette question. VOUS METTRE DANS LA PEAU D’UN ANJOUANAIS et regarder la CRC ne serait pas du temps perdu…
Monsieur le Président !
Il s’agit en fait de restaurer, partout, dans les îles et dans le cœur des gens, le lien de confiance nécessaire avec la majorité des comoriens qui vous ont choisi, sans quoi c’est la voie à toute incertitude. Un lien qui fait défaut aujourd’hui qui prive votre pouvoir du soutien populaire, moteur indispensable.
Il s’agit d’effacer d’un trait de plume par des actes forts et cohérents le sentiment de trahison qui s’abat dans le camp de vos partisans d’hier et qui sont aujourd’hui totalement désorientés. Ceux qui ont su déjouer toute sorte de manœuvre de l’opposition. Une opposition dont on parle d’entrée en force dans le futur gouvernement, selon des rumeurs concordantes.
Monsieur le président !
Ce n’est pas l’ouverture. C’est de la récupération frauduleuse d’un pouvoir par des hommes, que les urnes citoyennes ne veulent plus jamais accorder, à cause de leur passé. ET EN CELA NOTRE HISTOIRE FAIT UN SAUT EN ARRIERE OU PEUT-ETRE MÊME DANS L’INCONNU.
Monsieur le président !
Afin de préserver l’élan historique amorcé depuis l’élection de 2006, les acquis en matière de conquêtes démocratiques, de souveraineté du peuple, de stabilité et de paix retrouvées, afin de continuer à entretenir les espoirs des comoriens, nous estimons qu’il est indispensable que les acteurs d’un tel processus soient les mêmes, avec bien sûr la marge de correction logique. Il nous apparaît totalement aléatoire de prétendre à l’atteinte de ces objectifs par des acteurs qui en ont été toujours hostiles, qui n’en ont jamais partagé la philosophie, et surtout qui ont brillé par un passé défaillant.
C’est la raison pour laquelle, nous vous demandons avec insistance de revenir dans votre famille politique connue, et qui est là pour servir, avec vous dans le rôle de chef, le pays.
C’est dans cette optique que nous vous faisons savoir que nous rejetons l’idée en l’air et qui bat d’ailleurs de l’aile de la création d’un nouveau parti politique. Car nous nous demandons sous quelle bannière ? Sur quelle philosophie politique est-il encore possible de construire une famille capable de nous servir un plat meilleur que celui que nous avons depuis 2006, et qui a fait ses preuves en 2010, et que vous n’avez pas songé à dénoncer, s’il ne vous convenait pas.
CE N’EST QU’UNE FUITE EN AVANT QUI N’ENGAGE QUE SES AUTEURS EN MAL D’APPRECIATION DE LA NOUVELLE DONNE SOCIO-POLITIQUE DES COMORES DE CES DERNIERES ANNEES. LES MANŒUVRES DES RESEAUX, DE LA CRC, DE NOUS NE SAVONS QUEL CLAN DU POUVOIR N’Y CHANGERONT RIEN
UNE SEULE ET UNIQUE ALTERNATIVE S’IMPOSE A VOUS:
LE RETOUR DANS VOTRE FAMILLE POLITIQUE STRUCUTUREE AUTOUR D’IDEES FORTES AUXQUELLES LA MAJORITE DES COMORIENS ADHERENT…. ET CROIENT.
Nous vous disons notre raz le bol des partis politiques de circonstances qui n’en finissent pas, qui recrutent sur des bases claniques, politiques, sur le débauchage, et qui favoriseront encore et à coup sûr la corruption que vous prétendez combattre.
Le collectif des soutiens de SAMBI et d’IKILILOU à Mayotte
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